« La pleine conscience c’est diriger son attention délibérément, au moment voulu et sans jugement »
Telle est la définition de Jon Kabat-Zinn professeur de médecine aux Etats-Unis et fondateur de La Stress Reduction Clinic (clinique de réduction du stress) en 1979, clinique qui utilise la pleine conscience comme traitement pour réduire le stress.
De son côté, Jean-Gérard Bloch, la décrit comme le fait de « développer ses capacités naturelles d’attention ».
La pleine conscience (mindfulness en anglais), c’est avant tout une façon d’être, une nouvelle façon d’être avec ce qui nous arrive et n’est surtout pas une fuite, contrairement à certaines idées reçues sur le sujet (et celui de la méditation en général).
Jon Kabat-Zinn est l’auteur de nombre d’ouvrages sur le sujet, dont un livre intitulé Mindfulness for Beginners, Reclaiming The Present Moment and Your Life (« La Pleine Conscience Pour Les Débutants, Reconquérir Le Moment Présent et Votre Vie ») qui s’adresse comme son titre l’indique, à ceux qui découvrent la pleine conscience. Le livre est divisé en cinq parties, composée chacune de courts chapitres, présentés sous forme de réflexions.
Pour Jon Kabat-Zinn, la méditation de pleine conscience va au delà du bouddhisme et c’est en cela qu’il est considéré comme le créateur de la peine conscience laïque en Occident, même s’il admet qu’historiquement, son origine se trouve dans cette pratique de sagesse ancestrale. La pleine conscience est en effet universelle, car elle mobilise tout simplement des capacités humaines, qui vont au delà de toute croyance ou appartenance.
5 clés pour développer la pleine conscience
La notion d’awareness
Dans un contexte de méditation, il convient de dire qu’il y a plus de 5 sens. Le 6ème sens étant considéré comme ce que Jon Kabat-Zinn appelle awareness (de to be aware, avoir conscience) qu’il ne faut pas confondre avec le fait de penser.
Etre aware, c’est par exemple savoir où l’on est, sans avoir besoin d’y penser.
La respiration
Dans toute pratique de méditation, le premier objet d’attention est notre respiration. Elle va de soi, c’est elle qui fait que l’on est en vie, mais si l’on y songe un instant, notre respiration est elle aussi, dans le moment présent.
Notre précédent souffle n’est plus et notre prochain n’est pas encore. C’est pourquoi, être conscient de sa respiration prend une telle place dans la méditation ou autres pratiques de développement personnel.
On est parce que l’on respire (et l’on respire parce que l’on est) sans qu’une action volontaire quelconque de notre part en soit à l’origine, en soit le moteur.
C’est une chose acquise, à laquelle on ne pense pas, mais imaginez un instant si nous étions responsables de notre respiration, que se passerait-il ? La réponse ? Nous serions morts depuis longtemps, dit le professeur Kabat-Zinn. Cet exemple démontre que la pleine conscience est en effet l’absolu opposé de ce mode de pilote automatique sur lequel nous sommes habitués à fonctionner.
Faire vs Etre
La vie nous bouscule, le travail, les enfants, la pression de nos paires etc. et on tombe sans le vouloir (ou le savoir !) dans le mode « faire » plutôt que dans le mode « être ».
Obsédé par l’idée de tout ce que l’on a faire, on devient multitâches. On n’ « est » pas, on « fait ». Alors, pourquoi ne pas repasser dans le « mode être » pour cesser de nos épuiser ?
Passer d’un mode à l’autre c’est ce que permet la pleine conscience.
Prenons l’exemple des repas. C’est un autre exemple qui est souvent cité comme exercice de pleine conscience : lorsque vous manger concentrez vous sur l’action de manger et ne faites pas plusieurs choses en même temps, lâchez votre portable, votre ordinateur et vous découvrez les saveurs, les textures dans votre mouche. Choses auxquelles on finit par ne plus prêter attention.
Ne pas porter de jugement
Le challenge de la pleine conscience c’est d’être présent pour vivre notre expérience telle qu’elle se présente à nous, plutôt que d’essayer de la changer, de la rendre différente.
Pour cela, la pleine conscience préconise de ne pas opposer de résistance à ce qui nous entoure de négatif (émotions, pensées) mais au contraire de les accepter. On devient observateur de nos pensées, on les analyse, sans jugement. Nous y reviendrons, mais attardons nous d’abord sur ce que sont nos pensées.
Les pensées
Pour Jon Kabat-Zinn, il semble que notre mode de fonctionnement soit dominé par défaut par le « mode pensée » plutôt que le « mode conscience ».
Notre esprit ressasse sans cesse (Kabat-Zinn dit qu’il a « une vie à part ») : on pense, on fantasme, on planifie, on se raconte des histoires, on ressasse le passé, on a peur du futur, on imagine des choses … Il propose donc d’ajuster ce qu’il appelle ce « mode par défaut ».
Métaphore
Un passage que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est le chapitre sur les images / métaphores que l’on utilise pour parler de nos pensées.
Pour les tibétains, les pensées sont comme écrire sur l’eau.
Jon Kabat Zinn propose une autre métaphore très parlante : il compare nos pensées à des bulles de savon qui éclatent quand elles sont touchées.
Dans le cas de la pleine conscience, les pensées ou bulles de savons, sont « touchées » lorsque l’on est aware. En somme quand on les accepte en tant que pensées, espèce d’événements éphémères qui vont et viennent.
Autre précepte : ne pas s’identifier à nos pensées (ce que JKZ appelle le « selfing ») et intégrer que nous ne sommes pas obligés de les croire.
Si on les prend pour ce qu’elles sont, des événements furtifs, qui vont et qui viennent comme des bulles de savon qu’on éclate dans un bain, on s’émancipe de leur pouvoir sur nous.
Le pouvoir du moment présent
Petite parenthèse pour aborder un autre livre important sur la Pleine Conscience, Le Pouvoir Du Moment Présent d’Eckart Tollé.
Pour Eckart Tollé, la pleine conscience consiste à se dissocier de son esprit pour devenir observateur. Nous devons d’accepter nos pensées négatives, sans jugement pour nous libérer de la souffrance qu’elles produisent. Ces pensées ne sont qu’une fiction de notre esprit.
Réduction du stress
Depuis la création de la Stress Reduction Clinic en 1979, la pleine conscience a été l’objet de nombreuses études, qui ont démontré son impact sur l’amélioration de la santé et la vie de patients souffrant de stress liés à ces problèmes médicaux.
Attention = créativité
La pleine conscience améliore également la créativité. On l’a vu, cette pratique est utilisée par le Professeur Jon Kabat-Zinn pour réduire le stress mais elle est aussi utilisée dans diverses situations dans lesquelles le mental joue un rôle important. Nombre de sportifs de haut niveau la pratiquent (ainsi que le yoga, entre autres). Prenons, un autre exemple, le poker. Voilà un jeu qui exige une grande concentration, c’est pourquoi les joueurs de poker, à l’image d’Adrienne Rowsome intègrent la méditation et la pleine conscience à leur préparation mentale.
Qui suis-je ?
Sait-on ce qui nous sommes ? Jon Kabat-Zinn rejoint ici Eckart Tollé: la pleine conscience nous rappelle que notre récit intérieur (internal narrative) est entièrement basé sur nos pensées.
C’est une construction de notre esprit, avec laquelle nous nous sommes habitués à vivre, ce que Tollé appelle une « fiction de notre esprit ». Ce récit comporte bien entendu des éléments de réalité mais il ne constitue pas la réalité. Ce que ce livre nous enseigne, c’est que nous sommes plus qu’un récit, notre vie plus grande que nos pensées.
Voir aussi :
- La vie est un JEU dont l’ENJEU tue le JE
- [Histoire] Qui êtes-vous au-delà de toutes ces étiquettes ?
Et maintenant la pratique !
La dernière partie du livre est consacrée à la pratique et offre un CD qui propose 5 exercices de méditation.
La pleine conscience apparaît comme l’une des clés pour trouver la paix et le bonheur. Mais attention, la pleine conscience n’est pas quelque chose que l’on pratique, ici et là, quand on a le temps, (« Tiens je ferais bien 10 minutes de pleine conscience ! »). C’est une façon de vivre !
Sources ayant inspirées cet article :
- Le livre La Pleine Conscience Pour Les Débutants, Reconquérir Le Moment Présent et Votre Vie
- Voir Les Meilleurs Livres de Développement Personnel et Spirituel en complément des livres cités dans cet article
- La méditation au centre des thérapies : https://www.franceculture.fr/conferences/universite-de-strasbourg/pourquoi-il-faut-mettre-la-meditation-au-centre-des-therapies
Je terminerai par cette phrase de Jon Kabat-Zinn sur laquelle je vous laisse méditer :
« Vous ne pouvez arrêter les vagues, mais vous pouvez apprendre à surfer ».
Adrien says
Super article. La pleine conscience est l’exercice le plus efficace avec la gratitude pour lutter contre le stress pour moi. Merci pour le partage.