Cet article est un article invité, écrit par Philippe Chevaux, coach et formateur dans le domaine de la relation, et auteur du blog Apprendre sur soi et avancer.
Emotions et sensations
Mais oui, vous savez bien cette boule qu’on ressent dans le ventre quand on est tendu, ou alors dans la gorge sous stress, ou alors cette sensation de chaleur dans le visage qui nous fait paraître tout rouge.
Ca vous dit quelque chose ?
Et bien ça, ce ne sont pas des émotions…
La boule dans le ventre, le nœud dans la gorge, la chaleur dans le visage : Ce sont des sensations, et non des émotions.
Ca commence bien…
Ceci étant, je vous accorde que souvent, les sensations sont ressenties du fait d’une émotion. Mais c’est différent.
Alors, les émotions c’est quoi ? Et surtout à quoi ça nous sert ?
L’émotion, à quoi ça sert ?
C’est vrai qu’on entend souvent parler de « gerér ses émotions », « contrôler ses émotions » ou encore de « management des émotions », comme si c’était un élément perturbateur qu’il fallait maitriser et cadrer, sous peine de se voir partir dans tous les sens, de se transformer en bête sauvage et de faire n’importe quoi.
La nature nous aurait donc doté d’une capacité (les émotions) qui agirait contre nous et que notre bon cerveau pensant se devrait de diriger de main ferme? (Voir aussi l’article: Le grand tabou de l’occident)
Heureusement, il n’en est rien.
Si la nature nous a doté de cette capacité ce n’est pas pour notre perte, mais bien au contraire : pour notre survie.
Des émotions primaires, comme la peur ou la colère, par exemple, nous ont servi, depuis la préhistoire, pour survivre.
Tout petit, instinctivement on continue encore à s’en servir dans le même but.
Par exemple, étant bébé:
- J’ai faim, ça ne vient pas, je pleure (je me mets en colère), ça vient, je survis
- Je suis tout seul sans personne pour me protéger, je pleure (j’ai peur), on vient me « protéger », je survis
Imaginez-vous plusieurs dizaines de milliers d’années plus tôt en forêt, quand l’homme n’avait que quelques armes très rudimentaires. Une bête sauvage lui fonce dessus. Naturellement qu’est-ce qu’il va se passer ? Il va avoir peur.
Et qu’est-ce qu’il va faire ?
En fonction du danger estimé, soit il s’enfuit, soit il contre-attaque. Et grâce à ça, il peut survivre.
Il ne se fait pas manger ou il a de quoi manger…
Pareil, à la même époque, vous êtes chez vous tranquille et une autre tribu vient vous envahir. Vous faites quoi ? La rage au cœur vous allez les repousser pour défendre votre terre, vos biens, votre famille, etc… en bref pour survivre.
On voit donc bien, ici, que ce que l’on a tendance à considérer comme une émotion négative nous sert tout simplement à rester en vie.
Et c’est négatif ça ?
D’ailleurs, ça marche aussi dans l’autre sens. Vous vous promenez, vous voyez quelqu’un en difficulté, et vous allez l’aider. La personne vous remercie, vous récompense (quelle que soit la récompense). Vous vous sentez reconnu (émotion dite « positive »), ça renforce votre estime de vous, votre confiance en vous, votre identité et vous permet d’être mieux équipé pour affronter d’autres situations difficiles qui pourraient survenir. En bref, ça vous aide aussi à survivre…
Alors, qu’est ce qu’une émotion ?
L’émotion est tout simplement un signal que nous envoie notre cerveau pour nous aider à nous adapter à notre environnement.
Pas très glamour comme définition, n’est-ce pas ? Mais techniquement, c’est ça…
Dans le cas de la peur ou de la colère, par exemple :
Le cerveau va commander une décharge d’hormone (ex : adrénaline), le rythme du cœur va s’accélérer, les muscles vont commencer à se contracter, de façon à ce que la personne soit prête à réagir : fuir ou contre-attaquer (« fight or flight » comme diraient nos amis anglo-saxons).
affrontement de panthères – Peur ? Dissuasion ?
Une autre option est de rester sans bouger, comme tétanisé. Certains animaux l’utilisent comme technique de camouflage : rester immobile.
Sans cette capacité, on ne serait pas prêt à réagir au moment voulu.
A l’intérieur de notre tête c’est toujours le même processus qui se met en place quand on perçoit un stimulus (son, vue, touché…) :
- Le cerveau va se faire une image
- Cette image va engendrer une émotion
- Cette émotion va déclencher une action
L’émotion est donc le moteur de l’action.
Ce processus est très rapide et tout le monde a le même, mais chaque personne va être plus sensible à une étape qu’à une autre et va donc avoir tendance naturellement à se focaliser plus sur une de ces trois étapes : la pensée, le ressenti, ou l’action.
Et sans bêtes sauvages on fait comment ?
Aujourd’hui dans nos sociétés, le « fight or flight » n’est plus toujours approprié. Quand naturellement on contre-attaquerait ou s’enfuirait, désormais, ce n’est pas toujours possible (imaginez-vous au bureau…). Ce qui se passe alors, c’est que l’émotion va avoir tendance à ne pas s’exprimer, à se bloquer, et donc s’imprimer.
C’est par le corps qu’elle devrait s’’exprimer, c’est dans le corps qu’elle va s’imprimer…
A force d’impressions et de surimpressions, le corps finit par avoir des tensions, et quand il ne peut plus compenser, il lâche (voir aussi cet article).
L’émotion étant le moteur de l’action, on peut aussi la considérer comme une sorte d’énergie en mouvement (E motion)
Le processus est assez complexe et on ne va pas s’étendre dessus ici, mais ce que l’on peut en dire c’est que l’émotion peut avoir en gros, deux façons de ressortir :
- Soit elle est liée à un évènement réel et ressort de façon proportionnée, dans ce cas on parlera d’émotion adaptée.
- Soit elle est liée à un souvenir, un trauma, à quelque chose de passé non exprimé et elle ressort de façon disproportionnée, dans ce cas on parlera d’émotion non adaptée.
Et là, on sort du schéma courant et culpabilisant d’émotions « bonnes/mauvaises », « positives/négatives ».
Avec cette façon de voir, l’émotion ne devient plus un ami qu’il faut garder ou un ennemi à combattre, mais plutôt une énergie, adaptée ou non, qui nous aide ou qui nous gêne suivant le contexte.
Alors comment comprendre les émotions?
En fait il n’existe pas UNE seule bonne façon de comprendre et d’appréhender les émotions. Certains vont les gérer, d’autres les brouiller, ou les nier. D’autres encore vont les amplifier ou les fuir. Chacun va avoir sa propre façon naturelle mais personne n’a LE BON rapport aux émotions.
Tout va être une question de contexte.
Et comme chacun est différent, pour une situation donnée, chacun va utiliser une façon qui lui est propre.
Quelques clés de lecture pour gérer ses émotions
On a vu que les émotions nous servent à nous adapter.
Ce qui veut dire que pour chaque « type » de situation, les émotions qui vont nous être utiles ne seront pas les mêmes.
Je vous donne ici une petite liste de l’utilité générale de quelques types d’émotions.
- La peur : Elle se met en place quand on a besoin de plus d’informations sur une situation.
- La colère : Elle nous sert à défendre des critères de survie bafoués: des valeurs, notre territoire…
- La tristesse et la déception : Elle nous avertit quand un critère n’est plus rempli à un instant T.
- La motivation : Elle nous sert à nous projeter dans l’avenir pour remplir un critère (un genre de carotte)
- L’amour et la reconnaissance : Elle nous sert à nous donner une identité quand un critère est rempli.
Le « critère » est un mot qu’on utilise pour donner un sens à une somme d’expériences vécues. Par exemple : la confiance, la rigueur, la force, l’altruisme, l’harmonie, la liberté, l’érudition, la compétence, être différent, etc…
A vous de jouer maintenant
Avec cet autre regard que vous avez maintenant sur les émotions, vous pouvez vous amuser à les repérer chez vous, et à leur porter une attention différente, bienveillante et sans jugement.
- La prochaine fois que vous aurez peur, demandez-vous de quoi vous auriez besoin pour vous rassurer (quelle est l’info qui vous manque) ? D’ailleurs ce qui est assez caractéristique c’est que souvent, on dit que c’est de ne pas savoir qui fait peur…
- La prochaine fois que vous vous mettrez en colère (ou aurez envie, même à l’intérieur très profond sans que ça ne sorte), demandez-vous quel critère de survie vous défendez à ce moment-là. Demandez-vous ce que vous percevez que l’autre est en train de bafouer chez vous.
- Si vous êtes triste ou déçu, qu’est-ce qui pour vous n’a pas été rempli à ce moment-là ?
Le savoir ne va pas forcément empêcher l’émotion de venir, mais au moins vous pourrez avoir un autre regard dessus et vous pourrez donc prendre plus de recul si nécessaire. De plus, si ça peut vous déculpabiliser de la ressentir, c’est déjà ça de gagné.
A propos de l'auteur
Dorian Vallet est un éveilleur de Conscience, Auteur et Créateur du site Terre Cristalline. Sa Joie aujourd’hui est de contribuer à l’émergence de la Nouvelle Humanité en aidant chaque Un à Reconnecter à son Essence. Il vous guide afin de passer d’un état de souffrance et de limitation à celui de la Pleine Expression. Son intention est de vous permettre de vous Ancrer dans la Profondeur de l’Être et à recréer la Connexion à l’Âme et à la Source. C’est retrouver la Simplicité de l’Être et incarner votre dimension Cristalline. Œuvrer à l’éveil de l’Humanité le guide au quotidien en aidant chaque Un à Manifester sa Vibration Originelle dans sa vie en accord parfait avec les Lois Universelles.
Cet article fait partie de la série sur le développement personnel.
Vous y trouverez des outils pour développer votre personne, développer vos compétences ainsi que comment mieux gérer vos pensées et vos émotions. Vous pouvez retrouver l'article phare de cette catégorie ici : https://terrecristalline.fr/developpement-personnel-depouillement-personnel/.
La liste finale est terrible : elle ramène du concret et à du pratique. Alors que les émotions, c’est tellement abstrait …
Merci !
Bonjour Dorian et Philippe,
C’est une très bonne idée, ce sujet d’article. On aurait pu ajouter aussi la distinction entre émotions négatives et émotions positives. Les négatives sont classées en tant que telles dans notre société moderne où soit elles sont exprimées et mal vues, soit elles sont retenues et causent des dégâts chez la personne.
Merci Philippe pour ce bel article.
Avant de commencer à vouloir gérer nos émotions, il peut être préférable de savoir pourquoi elles sont là et qu’est ce qu’elles représentent. Et tu nous en fais très bien la description ici 🙂
A très bientôt.
Dorian
Pas mal cet article. J’aime bien l’illustration du début (le dinosaure).
Une émotion doit être acceptée, puis oubliée. Il ne faut surtout pas oublier de l’accepter, de la digérer, car ce sont les émotions refoulées qui sont en grande partie causes de certaines maladies (notamment les cancers).
Je vous ressors ce que j’ai lu chez différents auteurs…
Bonjour Jean,
Merci pour ce complément.
Les émotions sont au coeur de larges débats. On pourrait en écrire des tartines et certains l’ont déjà fait depuis longtemps !
Le sujet des émotions positives et négatives peut être une bonne idée pour compléter cet article. Souhaiterais-tu écrire la suite ? 🙂
Dorian
Ce que tu as lu est vrai Michel.
Malheureusement, le cancer est une des maladies les plus psychologiques de notre ère. Et c’est très regrettable. Beaucoup ne l’acceptent pas car c’est difficilement concevable et que les médecins le cachent.
Néanmoins, tu as raison sur les émotions refoulées. Celles-ci finissent toujours un jour ou l’autre par ressorti. Et plus ce moment-là est long, plus elles ressortiront violemment… Elles peuvent se transformer par la même occasion en maladies parfois très graves.
Dorian
Merci pour vos commentaires et vos compléments.
@Jean: En fait j’ai volontairement voulu sortir du schéma habituel d’émotions positives et négatives, car de cette façon on a tendance à les classer en amies/ennemies, bonnes/mauvaises.
C’est pour ça que j’ai préféré parler d’émotions adaptées ou pas. 🙂
Pour moi, peut-être que certaines émotions ne sont pas agréables à vivre, mais elles ont quand même une utilité et un apport pour nous.
Donc dans l’absolu, je dirais qu’elles sont toutes bonnes. C’est ce qu’on en fait qui va nous aider ou nous gêner. 🙂
@ Dorian: mais de rien. Merci à toi de m’avoir invité. 😉
@ Michel: je suis d’accord aussi. Les émotions refoulées, non exprimées, vont s’imprimer dans le corps, et c’est par le corps qu’elle vont finir par ressortir. D’où de nombreux maux qui y sont associés, dont les cancers par exemple.
🙂
Enfin un article clair et résumant bien le sujet ! bravo !
Béa
Merci Béa.
C’est gentil. 🙂